La Seigneurie

La seigneurie de la Rivière-Ouelle est concédée en 1672 par l?intendant Jean Talon à Jean-Baptiste-François Deschamps de la Bouteillerie, noble originaire de la Normandie.  Le nouveau seigneur s?occupe très tôt de développer son domaine, lieu de passage des Amérindiens, principalement les Micmacs et les Malécites, en concédant officiellement les premières terres dès 1674.  Preuve supplémentaire de l?implication soutenue du seigneur, le recensement de 1681 dénombre 62 âmes à Rivière-Ouelle tandis que ses voisines, Sainte-Anne et Kamouraska en comptent respectivement 40 et 1.

L?année 1690 restera marquée dans l?histoire car elle voit les paroissiens repousser une tentative de débarquement du général anglais William Phips qui se rend à Québec.  Cette escarmouche, organisée par le curé du lieu, l'abbé Pierre de Francheville, ne fait aucune victime du côté des Français et constituera un avant-goût de l?échec que connaîtra le militaire à Québec devant Frontenac.

Par la suite, la seigneurie se développe au fil des ans et des seigneurs.  Un des secteurs économiques développés sera la pêche aux â?Å"marsouins blancs? dès 1698 par le seigneur et en 1705 par les censitaires.  Ce sera le début d?une longue tradition de récolte des ressources maritimes dont les marsouins et les anguilles sont les plus connus.

Les terres étant également généreuses, elles permettent un établissement de plus en plus dense.  S?il y a 302 habitants en 1739 ce chiffre grimpe à 1 859 en 1790, ce qui en fait encore la seigneurie la plus populeuse de cette région qui a connu un drame en 1759 lorsque les troupes anglaises y brûlèrent tous bâtiments et maisons, n?épargnant que les églises et les presbytères.

Mais la paroisse se releva rapidement.  En plus de sa population (3 784 âmes en 1831) la prospérité de Rivière-Ouelle se traduit également par ses institutions, possédant le premier couvent  de la région.  Les seigneurs résidant dans la paroisse lui font connaître une période faste autant sur le plan économique et social que politique.  Sur ce dernier point, Rivière-Ouelle fait élire plusieurs de ses paroissiens comme députés et peut s'enorgueillir d'avoir fourni deux lieutenants-gouverneurs en la personne de Luc Letellier de Saint-Just et Charles-Alphonse-Pantaléon Pelletier.  Le XIXe siècle est émaillé de nombreuses luttes électorales épiques qui sont passées à l'histoire.

La création de nouvelles paroisses, Saint-Denis (1841), Saint-Pacôme (1851), Mont-Carmel (1867) et Saint-Philippe-de-Néri (1870) diminuera la superficie et la population de Rivière-Ouelle.  En 1859, l'arrivée du train, passant à Saint-Pacôme, déplacera également le pôle économique plus au sud faisant concurrence, entre autres, au transport maritime.




 

Dates approximatives d'arrivée des colons, entre :
1672 et 1674 : Damien Bérubé (Lot 12)
1672 et 1674 : Robert Lévesque (Lot 10)
1672 et 1674 : J.-Galleran Boucher (Lots 6 et 11)
1672 et 1674 : François Dubuisson (Lot 15)
1672 et 1676 : Pierre Dancosse (Lot 16)
1672 et 1676 : Jacques Thiboutot (Lot 7)
1672 et 1676 : Pierre Hudon-Beaulieu (Lot 5)
1674 et 1676 : Jacques Miville-Deschênes (Lot 15 ou 17)
1674 et 1677 : Michel Bouchard (Lot 3)
---- et  ---- : Pierre Boucher (Lot 2)
1676 et 1682 : Joseph Renaud (Lot 14)
1678 et 1680 : René Ouellet (Lot 13)
1682 et 1683 : Pierre Michel (Lot 13)
1683 et 1685 : Pierre Millet (Lot 13)
1683 et 1685 : Nicolas Huot-Saint-Laurent (Lots 1, 8 et 9)
1684 et 1686 : Jean de Lavoie (Lot 4)
 

Référence:

HUDON, Paul-Henri, Rivière-OUelle de la BOuteillerie, 3 siècles de vie, 1972