Illustration : FORTESCUE-BRICKDALE, Eleonor, » Arrivée des filles du Roy à Québec, reçues par Jean Talon et MGR Laval » (tableau), Bibliothèque et Archives du Canada
Catherine de Baillon
Septembre 1669 marque l'arrivée de Catherine Baillon (de Baillon), née en 1645, fille de Alphonse de Baillon, seigneur de la Mascotterie et de Louise de Marle, région de Chevreuse (Yvelines), en provenance de Charte/Beauce. Le 12 novembre de la même année, en l'église Notre-Dame de Québec, elle épouse Jacques Miville/Deschênes, fils de l'ancêtre Pierre Miville et de Charlotte Mongis arrivée en Nouvelle-France en 1649.
Après avoir vécu à Québec quelques années, le couple effectuera un arrêt d'une durée indéterminée à St-Jean-Port-Joli là où nait leur fille Marie le 30 mars 1675 et viendra s'établir à la Grande-Anse lieu dit le Cap-Martin, sur une terre qui a été concédé à Jacques Miville par le seigneur de La Bouteillerie en 1674. En 1676, Jacques Miville vend cette terre pour s'établir à Rivière-Ouelle et revenir à nouveau à la Rivière St-Jean en 1684. Malheureuse coïncidence, Catherine de Baillon et Jacques Miville décèdent tous les deux le 27 janvier 1688, laissant six enfants orphelins qui seront pris en charge par le frère de Jacques, François Miville lequel compte déjà une famille de 12 enfants de son mariage avec Marie Langlois décédée depuis le 14 août 1687. François vint alors s'établir à la rivière St-Jean, il sera aidé par sa fille Anne qui épousera à Rivière-Ouelle le 13 mai 1691, Mathurin Dubé, fils de l'ancêtre Mathurin Dubé et de Marie Campion, Fille du Roy.
Le 7 novembre 1692, François Miville épouse à Rivière-Ouelle, Jeanne Savonnet, Fille du Roy et veuve de l'ancêtre Damien Bérubé depuis le 7 mars 1688. Le Foyer de François et de Jeanne compte à ce moment une maisonnée de 4 enfants Soucy, 4 enfants Bérubé, 11 enfants Miville, soit 4 de Jacques et 7 de François. Le 18 janvier 1694, Jeanne Savonnet donne naissance à une autre fille du nom de Marie-Françoise Miville.
Catherine de Baillon est sans doute cette Fille du Roy qui attire encore aujourd'hui le plus grand nombre d'historiens et de généalogistes de par sa riche et intéressante histoire généalogique, ce qui a permis de lui retracer une ascendance de 12 générations. Par certaines de ses ascendances, Catherine de Baillon est rattachée à plusieurs familles de nobles et de Bougeois de l'Ile-de-France et de Picardie, par d'autres, elle est rattachée à la plupart des familles royales du Moyen Age, dont celle de Charlemagne.
De la descendance de Catherine de Baillon, nous y retrouvons des descendants des familles souches de Rivière-Ouelle, dont Mathurin Bérubé, fils de Damien Bérubé et de Jeanne Savonnet, lequel a épousé Marie-Angélique Miville le 6 avril 1712 à Rivière-Ouelle. Puis les Bouchard, Boucher, Deschênes, Desjardins, Dubé, Grandmaison, Hudon, Lizotte, Michaud, Miville, Ouellet, Pelletier, Picard, Saint-Pierre et Thibault.
Recherches: André Bérubé
Tiré de : Table d'ascendance de Catherine Baillon, 12 générations de la Société généalogique canadienne-française (2001) De: La Source, Bulletin spécial Association des familles Soucy, août 2004.
Ressources :
Association des familles Soucy
Association des familles Bérubé
Jacquette Michel
Jacquette Michel, Fille du Roy, originaire de l'Ile de Ré, du bourg de Ste-Catherine, où elle est née en 1637, arrive en Nouvelle-France en 1668 sur le vaisseau « La Nouvelle-France ». Elle est alors veuve de Jacques Gardin et fille de Jacques Michel et de Jeanne Dupont. Elle apporte pour dot 100 Livres de biens personnels, elle n'aurait pas bénéficié de la dot royale de 50 Livres.
Après être passé devant le notaire Becquet le 2 octobre 1668, Jacquette Michel épouse le 23 suivant André Mignier dit Lagacé, huguenot, de la paroisse St-Martin de l'Ile de Ré, né vers 1641, fils de Michel Mignier et de Catherine Masson. André est alors habitant de la Rivière St-Charles et était du Régiment de Carignant-Salière, Compagnie de Berthier.
Au recensement de 1681, ils vivent au village de St-Michel. André Mignier est âgé de 41 ans, son épouse de 44, cinq de leurs six enfants nés à ce moment sont vivants: André 12 ans, Marie 10 ans, Françoise 8 ans, Marie 5 ans et Jaquette 2 ans. Leurs biens déclarés: Un fusil, trois bêtes à cornes et 15 arpents en valeur.
Le couple semble s'être établi à Rivière-Ouelle en 1692, leur fils André aîné épouse à Rivière-Ouelle le 10 novembre 1693, Marie-Charlotte Pelletier. Aussi le 28 juin 1692, Charles Aubert de la Chesnaye accorde pour trois ans (greffe Louis Chamballon) un bail à ferme à André Minier dit Lagacé une concession à la Grande-Anse. Le 16 mai 1701, François-Madeleine Ruette d'Auteuil de Mousseaux cède au même André fils, une terre de quatre arpents de front sur quarante-deux de profondeur à la Grande-Anse.
Trois des enfants de André Mignier dit Lagacé et de Jacquette Michel s'établiront à Rivière-Ouelle ou à la Grande-Anse, dès leur premier ou second mariage. André fils épouse à Rivière-Ouelle le 31 janvier 1701, Francine Ouellet, la fille de l'ancêtre René Ouellet et de Thérèse Migneault sa deuxième épouse. Marie-Madeleine épouse aussi à Rivière-Ouelle le 18 janvier 1701, Nicolas-Claude Lizotte fils de l'ancêtre Guillaume Lizotte et de Anne Pelletier.
À la mort de Jacquette Michel à Rivière-Ouelle le 28 novembre 1710, André Mignier dit Lagacé ira vivre chez son fils cadet Michel à la Grande-Anse, lequel a épousé à Cap-St-Ignace Angélique Thibault le 28 juillet 1705, où il décède le 21 novembre 1727. Suite au décès de Jacquette Michel, une discorde oblige l'intendant à régir ce que chacun des enfants doit payer au fils Michel pour la subsistance et l'entretien de leur père.
Une fille de Guillaume et de Jacquette, Marie se marie en Acadie, un premier mariage en 1691 et un second en 1693, à ce jour riens nous explique cet exil de la part de Marie. Les descendants Guillaume et de Jacquette se retrouvent liés aux : Bérubé, Lizotte et Mignault.
Recherches : André Bérubé.
Tiré de : Notes sur les Filles du Roy de Irène Belleau et de Généalogie des familles de Rivière-Ouelle.
Ressources:
Association des famille Lagacé et Lagassé
Jeanne Chevalier
Jeanne Chevalier arrive en 1671 de la paroisse Saint-Jacques de la ville de Dieppe, archevêché de Rouen en Haute-Normandie. Née en 1645, elle est la fille de Jacques Alexandre Le Chevalier et de Marguerite Romiant. Le 19 octobre de la même année, elle épouse Guillaume Le Canteur à Notre-Dame de Québec, puis le couple s'établit à Château-Richer, là où naîtront leurs trois enfants qui ne laisseront aucune descendance. Guillaume décède prématurément vers 1678.
Le 22 avril 1679, l'ancêtre Robert Lévesque épouse à Ange-Gardien, Québec, Jeanne Chevalier. Robert, son épouse Jeanne et ses trois enfants Le Canteur, Guillaume, Charles et Nicolas viennent s'établir à Rivière-Ouelle, voisins de Galeran Boucher et non loin de leur bon ami Damien Bérubé, sur la rive droite de la Rivière-Ouelle.
Robert Lévesque est né le 3 septembre 1642 à Hautot-Saint-Sulpice, fils de Pierre Lévesque et de Marie Caumont. Il est arrivé en Nouvelle-France sur le vaisseau « Le Saint-Jean-Baptiste » à la fin de l'été 1671, il semble qu'il demeure à Québec un certain temps pour y exercer son métier de charpentier avant de venir à Rivière-Ouelle pour contribuer à la construction des bâtiments requis par le seigneur Deschamps.
De son second mariage avec Robert Lévesque, Jeanne Chevalier donnera naissance à 6 autres enfants, cinq garçons et une fille. Seuls les trois premiers fils Lévesque, Robert-François, Pierre-Joachim et Joseph assureront la descendance des Lévesque.
Robert Lévesque décède le 11 septembre 1699 âgé de 57 ans. Ses fils se marieront au cours des années suivantes. Robert-François épouse Marie Charlotte Aubert à Rivière-Ouelle le 7 novembre 1701, Joseph épouse Marie-Angélique Meneu à Rivière-Ouelle le 26 novembre 1704 et Pierre-Joachim épouse à Ange-Gardien, Québec, le 30 juin 1705, Angélique Letarte.
Tout comme sa grande amie Jeanne Savonnet, Jeanne Chevalier connaîtra un troisième mariage le 5 avril 1701 avec nul autre que Jean-Baptiste François Deschamps, seigneur de la Bouteillerie. Il n'y aura pas de descendance de ce mariage de courte durée, puisque le seigneur Deschamps décède dès le 15 décembre 1703. François Deschamps, fils de Jean-Baptiste et de Elizabeth Debain était arrivé en Nouvelle-France depuis 1671 en compagnie de Robert Lévesque et de Damien Bérubé. Ce Jean-Baptiste-François Deschamps s'était vu assigner la seigneurie de la Bouteillerie le 29 octobre 1672. Jeanne Chevalier demeurera veuve pendant encore près de treize années, elle décède le 24 et est inhumée le 25 novembre 1716 à Rivière-Ouelle.
Fait historique à souligner, le serment de jumelage entre Rivière-Ouelle, terre d'accueil de l'ancêtre Robert Lévesque et celle de son lieu natal, est signé le 23 septembre 1981 à Hautot-Saint-Sulpice, en présence d'une délégation de 38 québéquois dont 7 Lévesque. Aujourd'hui, les descendants de Jeanne Chavalier et de Robert Lévesque, par leur Association de familles transmettent avec grande fierté l'histoire de leurs ancêtres. Une impressionnante participation de descendants Lévesque est attendue lors des festivités à se tenir à La Pocatière et Rivière-Ouelle les 28 et 29 septembre prochain.
L'Association Lévesque inc est au nombre des 10 Associations de familles possédant son monument en hommage à leurs ancêtres installé dans le cimetière de Rivière-Ouelle.
Recherches: André Bérubé
Tirés de: Notes sur les Filles du Roy de Irène Belleau et Robert Lévesque et son époque 1642-1699, par Ulric Lévesque
Jeanne Savonnet
Jeanne Savonnet, Fille du Roy née vers 1647, fille de Jacques Savonnet et de Antoinette Babillotte quitte La Pitié, une maison rattachée à l'Hôpital Général de Paris, dans la paroisse Saint-Sulpice pour vivre une traversée difficile et débarquer en Nouvelle-France en 1670.
Peu de temps après son arrivée, Jeanne se retrouve en compagnie de Jean-Soucy dit Lavigne, arrivé depuis le 17 août 1665, ce dernier étant soldat de la compagnie de Grandfontaine du régiment de Carignan. Devenu colon défricheur, Jean épouse Jeanne en 1670. A ce jour, les documents concernant leur mariage sont demeurés introuvables.
Le couple s'établi à l'Ile-aux-Oies puis ensuite à l'Ile-aux-Grues et donnera naissance à quatre enfants: Anne, Pierre, Marie-Anne et Guillaume. Anne deviendra la mère des descendants de Jean Lebel par son premier mariage et des descendants de Jacques Boy par son second Mariage.
Puis Jean Soucy dit Lavigne décède dans des circonstances inconnues laissant Jeanne avec quatre orphelins. Ici encore les documents confirmant le décès demeurent introuvables. A cette période il faut se rappeler que le Père Thomas Morel, Jésuite, desservait la Côte-du-Sud depuis la Ponte de Lévy jusqu'à Rivière-du-Loup et inscrivait les actes là où se trouvaient des registres avec le très grand risque de perte de ses notes pendant les longs trajets en canots ou en raquettes.
Comme le Père Thomas Morel desservait l'Ile-aux-Grues et Rivière-Ouelle, on se doute bien qu'il a joué un rôle dans le rapprochement entre Jeanne Savonnet et Damien Bérubé, ce qui a contribué au mariage de ce couple le 22 août1679 et c'est le premier acte de mariage inscrit aux registres de la paroisse Notre-Dame-de-Bon-Secours de L'Islet. Jeanne et ses quatre orphelins quittaient l'Ile-aux-Grues pour suivre Damien et aller vivre à Rivière-Ouelle sur sa terre en développement depuis son acquisition le 24 septembre 1674.
Damien, né le 2 février 1647, est originaire de Roquefort, diocèse de Rouen en Haute-Normandie. Il effectue sa traversée sur le Saint-Jean-Baptiste en 1671 en compagnie de son compagnon et ami, l'ancêtre Robert Lévesque, de Jean-Baptiste Deschamps de Boishébert qui deviendra par la suite seigneur de la Bouteillerie. Jean-Baptiste était le fils de Jean Deschamps, seigneur de Costecoste, de Montaubert et des Landes et aussi le parrain de Damien.
Jeanne Savonnet et l'ancêtre Damien Bérubé ont donné naissance à six enfants. Marguerite leur fille aînée épousera l'ancêtre René Plourde. Pierre leur fils aîné épousera Geneviève Dancause et nous le retrouverons membre d'une Société de pêche aux marsouins. Viennent s'ajouter Ignace, Marie-Josephte, Thérèse et Mathurin, fils posthume. Damien tout comme ses filles Marie-Josephte et Thérèse décèdent prématurément le 7 mars 1688, nul doute de l'épidémie de l'influenza et sont inhumés comme en fait foi l'acte de décès transcrit en latin le lendemain 8 mars. Ils reposent tous les trois dans le cimetière de Rivière-Ouelle.
Après quatre années de veuvage, Jeanne épouse le 7 novembre 1692, le veuf François Miville dit Le Suisse. La maisonnée de Jeanne Savonnet compte alors 4 enfants Soucy, 4 enfants Bérubé, 11 enfants Miville, soit 4 de Jacques, décédé et frère de François) et 7 de François. Puis s'ajoutera une autre fille dont Jeanne donnera naissance du nom de Françoise Miville née le 18 janvier 1694. Après avoir agi comme père nourricier et protecteur d'enfants de quatre familles, François Miville décède le 23 novembre 1711.
Au printemps 6 avril 1712, Jeanne goûte le même jour, la joie du mariage de ses deux derniers enfants, son fils Mathurin Bérubé qui épouse Marie-Angélique Miville et puis de sa fille Marie-Françoise Miville qui épouse Prisque Boucher.
Mars demeure un mois sombre et difficile pour Jeanne, elle y décède à son tour le 12 mars 1721. Elle est inhumée dans le cimetière de Rivière-Ouelle.
Si Jeanne Savonnet est la mère ancêtre de tous les descendants Soucy et Bérubé, elle est aussi la grand-mère ancêtre des descendants des Bois depuis Jacques, des Lebel depuis Jean et des Plourde depuis René et l'arrière-grand-mère des descendants Maurais depuis Louis.
Recherches: André Bérubé
Tirés de: La Source, Association des familles Soucy, 2004
Les Bérubé d'hier et d'aujourd'hui, Tome 1, 1988
Ressources:
Association des familles Soucy
Association des familles Bérubé
Marguerite Preuvier
Le 22 septembre 1663, Marguerite Peuvrier, en provenance de Brouage, nous arrive à Québec sur le vaisseau l'Aigle d'Or. Cette Fille du Roy est accompagnée de sa mère Marguerite Bougeoys, (Ne pas confondre avec Mère Marguerite Bourgeoys) veuve de Nicolas Peuvrier, procureur au Parlement de Paris. Née en 1639, à Saint Severin-de-Rouen, Normandie, Marguerite Peuvrier apporte avec elle une dot de 300 Livres, elle semble cependant sans la dot du Roy.
Le 23 octobre de la même année, elle épouse à Château-Richer, Jacques Meneu dit Châteauneuf, chirurgien, fils de Jean Meneu et de Jeanne Trochon, de Château-Giron, Rennes, Bretagne. Le couple donnera naissance à 10 enfants, 4 garçons et 6 filles. Les deux premiers enfants naissent à Château-Richer et à compter de 1667, les enfants suivants naissent à Ste-Famille, Ile d'Orléan. Lors du recensement de 1681, Jacques Meneu déclare posséder 2 vaches et 9 arpents de terre en valeur, ça semble peu, mais il faut se rappeler qu'il est dit chirurgien lors de son mariage. Ce dernier décède le 19 décembre 1690 à l'Hôtel-Dieu de Québec, âgé de 50 ans.
Presque 5 ans plus tard, Marguerite Peuvrier épouse en secondes noces à Québec le 10 octobre 1696, Guillaume Lizotte, lui aussi veuf de son premier mariage du 19 janvier 1670, avec Anne Pelletier, laquelle avait donné naissance à huit enfants.
Le nouveau couple Lizotte-Peuvrier déménage à Rivière-Ouelle, là où Françoise Lizotte a déjà épousé depuis le 12 février 1691, Joseph-Abraham Ouellet, un fils de l'ancêtre René Ouellet et de Anne Rivet. D'ailleurs, sept des huit enfants du premier mariage de Guillaume se marient à Rivière-Ouelle entre 1691 et 1710. Un fils et deux filles de Jacques Meneu et de Marguerite Peuvrier se marient aussi à Rivière-Ouelle, ils ont sans doute accompagné leur mère dans son déplacement avec Guillaume Lizotte. Ce sont: Joseph-Noël qui épouse Marie-Anne Lizotte, le 12 janvier 1705. Catherine qui a épousé Noël Lizotte, fils de l'ancêtre Guillaume Lizotte, le 28 janvier 1702 et Angélique qui a épousé, Joseph Noël Lévesque, fils de l'ancêtre Robert Lévesque, le 26 novembre 1704. Bien évident que Marguerite et Guillaume sont en pays de connaissance, au milieu des leurs.
Guillaume Lizotte décède à Rivière-Ouelle le 27 novembre 1706 âgé de 65 ans. Marguerite Peuvrier décède à l'Hôtel Dieu de Québec le 10 janvier 1709, âgée de 66 ans. Une recherche plus exhaustive nous permettrait de découvrir les nombreux liens existant entre les familles: Bouchard, Dancause, Lévesque, Lizotte, Meneu, Minier/Lagacé et Ouellet.
Recherches : André Bérubé
Tirés de sites internet au 15-02-2013, et du volume «Généalogie des familles de Rivière-Ouelle».
Marie Campion
Par Roger Martin
Je me présente : je suis Marie Campion et je vous raconte mon histoire. Pardonnez mes hésitations car je ne me suis jamais adressée à une aussi vaste assemblée de toute ma vie? Surtout, il y a ce bizarre de porte-voix auquel je ne suis pas habituée.
Je suis née en 1654 à proximité de Rouen en Normandie. Je venais à peine d'avoir 10 ans quand ma maman est décédée; c'est alors que mon père, en désespoir de cause, m'a confiée à l'orphelinat de Rouen. Si vous saviez comme je me suis ennuyée dans cet endroit; en 6 ans, j'y ai versé toutes les larmes de mon corps. Un jour, une grande dame est venue rencontrer les orphelines du couvent; elle nous a proposé un voyage vers une lointaine colonie appelée Nouvelle-France par-delà la mer Océane. Cette idée m'a tout de suite emballée; j'aurais fait n'importe quoi pour quitter cet orphelinat de malheur surtout que messire le roi nous consentait une généreuse dot qui allait nous permettre de trouver un mari malgré notre statut d'orphelines. Je me suis mis à échafauder les rêves les plus fous sur la vie qui m'attendait là-bas? et l'amour aussi!
J'avais donc 16 ans quand je me suis embarquée sur le navire La Nouvelle-France au port de Dieppe. Avec 120 orphelines comme moi, j'ai quitté sans regret mon pays pour aller rejoindre le destin qui nous attendait là-bas. La traversée de la mer m'a parue sans fin, affligée que j'étais par un tenace mal de mer. C'est plus de deux mois plus tard, soit le 31 juillet, que nous avons enfin mis pied à terre devant le lieu-dit de Kébec. Il y avait une foule pour nous accueillir : des hauts dignitaires mais aussi bien des hommes et garçons du pays qui semblaient attendre impatiemment notre arrivée. À peine descendue, je l'ai tout de suite remarqué dans la foule et nos regards se sont croisés. Mon coeur s'est mis à battre follement : j'avais déjà oublié mes malheurs passés, l'avenir était devant moi et il s'appelait Mathurin Dubé. Mon barbu timide au grand coeur n'a pas lésiné, il avait déjà 39 ans : deux mois plus tard, nous nous sommes mariés dans l'église de Sainte-Famille à l'île d'Orléans. Mon mari était installé sur une terre dans la paroisse voisine, Saint-Jean; c'est là que sont nés nos six premiers enfants. Par la suite, pour subvenir aux besoins de la famille, Mathurin a préféré louer une terre à la pointe ouest de l'île. En 1686, il a reçu une offre plus intéressante pour exploiter sous bail le domaine seigneurial de la Grande-Anse, ce qui marqua notre arrivée dans la région.
De toutes mes épreuves, c'est en octobre 1690 que j'ai vécu les moments les plus inquiétants de ma vie. Des miliciens sont venus nous avertir qu'une importante flotte anglaise remontait pour nous chasser de nos terres. Devant la menace, le missionnaire Pierre de Francheville a fait appel à mon Mathurin pour qu'il se joigne aux autres habitants afin de défendre notre territoire, ce qu'il accepta d'emblée malgré ses 59 ans bien sonnés. Comme si ce n'était pas suffisant, nos deux fils aînés, Mathurin, 18 ans, et Louis, 14 ans, ont décidé d'accompagner leur père vieillissant. Fallait bien se défendre mais c'est la mort dans l'âme que je les ai embrassés au départ, leur mousquet à l'épaule. Heureusement grâce au ciel, toute la troupe s'en est tirée sans égratignure.
Quelques mois plus tard, Mathurin eut l'occasion d'acquérir une terre dans la seigneurie de La Bouteillerie où il comptait établir nos quatre fils qui semblaient se destiner aux travaux agricoles. Peu après, l'aîné Mathurin a d'ailleurs obtenu une concession à l'Anse-aux-Iroquois. Sans doute usé prématurément par la rude vie de paysan en ce pays, mon cher Mathurin décéda à la fin de 1695; il n'avait que 64 ans pourtant. Tout aussi épuisée par les grossesses, les privations et les souffrances, j'ai à mon tour quitté cette terre avant même d'avoir atteint ma 50e année. Je me console à la pensée que Mathurin et moi auront en progéniture 66 petits-enfants dont 54 porteront le patronyme de Dubé. Avec les quelque 800 filles du Roy, orphelines pour la plupart, j'ai l'immense fierté d'avoir contribué à faire naître ici une race qui ne veut pas mourir.
Ressources:
Association des Dubé d'Amérique